Candidature

Un homme vêtu d'une longue toge noire avançait à grands pas. Il était à la fois partout et nulle part. Un jour il était à Astrub à se frayer un chemin dans la foule et la seconde d'après, il courait au beau milieu du champ de bataille opposant Brakmâr à Bonta en l'an 26. Il avait conscience de sa puissance, il savait qu'il était supérieur aux autres. Certaines personnes malsaines avaient tenté de le brider, de l'emprisonner, mais il avait tout de même réussi à s'échapper. Depuis lors, il se méfiait de quiconque s'intéressait à lui. Il avait appris à se camoufler dans la foule, à ne pas se faire remarquer par les autres. Mais même malgré ça, tout le monde le dévisageait, le pointait du doigt. Non, il ne voulait pas retourner dans la geôle des martyrs qui lui avaient fait tant de mal. NON

Il était assis sur un banc, la tête renversée sur son torse. Celle-ci lui faisait si mal... il regarda avec amour le livre qu'il serrait contre sa poitrine. La couverture en cuir centenaire était tellement abimée qu'on avait peine à lire le titre "La manipulation par les sentiments". Il caressait machinalement la reliure tissée de filaments dorés. Ce livre avait fait de lui un demi-Dieu. Il lui avait permis de développer des capacités inouïes qui lui permettraient bientôt de gouverner le vaste monde de ces douze Dieux pathétiques. Il ne comprenait pas l'attitude de ces moutons qui suivaient aveuglément les ordres de ces soit disant divinités. Il se releva brusquement et se dirigea vers la milice de la ville. Seul Rushu pourrait lui apporter protection et satisfaction, lui qui avait été chassé par les onze autres divinités et qui avait tout de même réussi à imposer son autorité sur une immense partie de ce monde.

Désormais brakmarien, il fût attaché à l'ordre de l'Oeil putride. Sa principale occupation était de recueillir les aveux de prisonniers, qu'ils soient coupables ou innocents. Lorsque ses victimes se décidaient enfin à lui obéir et à le supplier, une sensation perverse et malsaine emplissait son corps. Il aimait être adulé, il aimait être adoré, il aimait qu'on se prosterne à ses pieds. C'était ça, son destin. Il excellait dans son domaine, si bien qu'il commença à faire de l'ombre à Many. Ce dernier, ne supportait pas l'idée qu'un fou entache sa réputation. Il ordonna donc à deux srams d'aller tuer cet hurluberlu et de jeter son corps dans les douves brûlantes de la ville.
Tout se passa très vite. Alors que le jeune tortionnaire marchait dans une ruelle sombre, deux ombres apparurent à ses côtés et une lame empoisonnée alla trouver le chemin de son cœur. Lorsqu'il reprit connaissance, deux corps sans visage traînaient à ses pieds. Il ne put s'empêcher de sourire, puis un fou rire s’empara de lui. Il ne s'arrêta de rire que lorsqu'il découvrit ce qui l'avait sauvé. Son manuscrit était transpercé par la lame et le poison avait réduit les pages en miettes.

Il ne savait plus où il était. Le ciel était bleu, quelques nuages flottaient paisiblement. Les pious piaillaient sur les souris grises, puis s'envolaient lorsqu'un chacha arrivait. Peu à peu, des citadins lui apparurent. Les voix assourdissantes des vendeurs à la criée vinrent à ses oreilles. Il tenait encore son livre à bout de bras. Son emprise se desserra. Les chuchotements qui résonnaient dans son crâne se faisaient de moins en moins entendre et lorsqu'il lâcha le manuscrit, ils se turent définitivement. Une bouffée de colère monta en lui. Qui étaient-ils pour oser lever la main contre lui, le demi-Dieu ? Mais la rage qui bouillait en lui fût de courte durée. Des regards intrigués se tournaient vers lui. Il n'avait pas bougé depuis déjà plusieurs heures et ses jambes commençaient à lui faire mal. Il se dirigea vers un banc et s'y installa. Un parchemin trainait sur la place vacante à côté de lui. Il s'agissait d'un prospectus expliquant ce qu'était le mercenariat et qui présentait le clan en place dans la ville d'Astrub. Seuls deux mots attirèrent son attention: "gloire" et "kamas". Il se renseigna auprès d'un passant sur les modalités de recrutement, mais celui-ci pris peur, lorsque pour le remercier l'homme encapuchonné lui proposa de lui modifier la constitution de ses organes avant d'éclater d'un rire sadique.

La nuit vint à tomber alors qu'il rédigeait une courte lettre à l'adresse des mercenaires. Lorsqu'il eut fini d'écrire, il rangea son matériel et se dirigea vers la demeure de Fallanster. Il longea les murs de la maison et attendit que celle-ci soit vide avant d'y entrer. Un alignement neutre, ne se souciant ni de Bonta, ni de Brakmar et qui en plus rapportait de l'argent l'intéressait au plus haut point. Il déposa son parchemin, qui enroba rapidement la pièce d'une odeur venant du plus ancien des mondes. On pouvait y lire :

Citation :

Mercenaires,
vous n'avez pas à savoir qui je suis ni d'où je viens. Tout ce dont je vous informe est que j’intégrerai bientôt vos rangs. Je me présenterai en tant voulu, lorsque vous serez digne de mon attention. La seule raison pour laquelle je me tourne vers vous est l'argent. J'en veux toujours plus et le mercenariat me permettra d'en gagner encore et toujours plus.
N'essayez pas de me contacter, vous n'y arriverez pas. C'est moi qui déciderait de la date où vous serez apte à m'accueillir.
À son apogée la légion ne m'intéressait pas, elle n'était pas ce que j'attendais d'elle. Mais il y a désormais quelque chose de changé.
J'aurais très bien pus créer mon propre clan et vous exterminer, vous et votre piètre concurrence, mais je n'ai pas le temps pour ces gamineries.
Je vais donc gravir les échelons jusqu'au rang de chef pour vous gouverner et, par la suite gouverner le monde. Mais plus tard. Pas maintenant. Plus tard.

Lors de son écriture, une deuxième question lui était venu à l'esprit. Il était là depuis l'aube du tout premier jour. Il avait vécu tant d'années, et pourtant il ne se souvenait que d'infimes parties de l'Histoire. De minuscules bribes, alors qu'il était présent à chaque évènement. C'était son devoir. Comment avait-il pus oublier des choses si importantes ?




[HRP] Voilà ma candidature remastérisée, merci de m'en avoir laissé l'autorisation.
J'ai dévoilé un côté de mon personnage que je voulais laisser secret jusqu'à présent, mais en voyant la réponse de "Hark", j'ai compris que j'étais dans l'obligation de montrer son égocentrisme et sa... "spécialité".
@Hark : J'ai gardé toutes les parties dont tu faisais référence, je crois. Je m'excuse si il y a un éventuel oubli.

J'ai sûrement fait des fautes d'orthographes et j'ai sûrement mal accordé mes participes passé, mais la moindre des choses est de vérifier les siens avant de faire une remarque désobligeante [/HRP]

[RP]J'ai relu ma candidature et je l'ai trouvée... insuffisante. Notamment la longueur. J'aimerais donc votre autorisation pour en rédiger une plus complète, s'il vous plait, en restant bien entendu sur une même base..[/HRP]

( Hrp

Tu peux, avec plaisir !

/Hrp )

Tôt, le matin. La lune, en son vaste domaine nocturne, cède difficilement sa place à l'astre du jour, qui, timide, tente d'étendre son influence lumineuse sur le Monde des Douze. La maison de Fallanster est encore plongée dans la pénombre, et Astrub dort à poings fermés. Mais déjà, au loin, des exclamations viennent perturber le silence jusqu'alors roi. Celles-ci gagnent en intensité, jusqu'à atteindre leur apogée au moment où la porte de la demeure s'ouvre, laissant apparaître un vieil homme ridé, mais un large sourire aux lèvres.

Ravi, Hark entra dans le repaire des mercenaires, déposa son sac à l'entrée, et en tira une bourse qui, au bruit qu'elle faisait, semblait contenir des kamas sonnants et trébuchants. Il s'empara également de ce qui semblait être une boîte d'allumettes.
S'avançant à tâtons dans la pièce principale de la maison jusqu'à trouver une bougie, il cogna un tabouret, le comptoir, manqua de trébucher à 3 reprises, mais parvint finalement à atteindre son but.

Une fois la pièce éclairée, et une petite fenêtre ouverte, Hark, d'humeur toujours aussi radieuse, jeta un œil méfiant autour de lui. Une fois certain que personne n'était là, il entrouvrit la petite bourse dont il s'était saisi quelque instant auparavant, et jeta, à l'intérieur, un regard que seul un disciple d'Enutrof pure souche pourrait jeter, ne se lassant pas de s'émerveiller devant ce petit bijou dont il avait fait l'acquisition. Après quelques secondes de contemplation, il rangea le tout dans une poche intérieur de sa chemise rapiécée.
La nuit de négociation qu'il venait de vivre ne lui avait guère laissé de temps pour dormir, mais à son âge, le vieil homme estimait avoir déjà suffisamment dormi, sa vie durant, pour faire une croix sur les quelques heures qu'il venait de perdre. A peine eut-il commencé à se creuser la cervelle pour trouver une occupation que son regard buta sur un parchemin, qui, la veille au soir, et il en était certain, n'était pas là.
Sa curiosité piquée au vif, il s'approcha du parchemin, et s'en saisit. Ou plus exactement, arrêta son geste à quelques pouces seulement de l'objet. Une odeur étonnante semblait s'en dégager. Le vieil homme, le bras tendu, ferma les yeux, et huma. Il n'aurait su dire si il avait déjà senti cette odeur ou non. Il avait visité de nombreux lieux du Monde des Douze et découvert une palanquée de goûts, de sensations, d'odeurs... Celle-ci n'évoquait pas grand chose, et pourtant, quelque chose le titillait...

Il s'empara finalement du parchemin, l'ouvrit, et le lut. Une deuxième lecture suivit. Et, chose étonnante, une troisième. Puis il éclata de rire. Un rire puissant, et qui sembla ne jamais prendre fin. Pendant plusieurs secondes, voire minutes, Hark rit comme il ne l'avait pas fait depuis bien longtemps. Ce fut les larmes aux yeux, et les zygomatiques douloureux que ce fou-rire prit fin. Il ne put retenir une exclamation :

"Certains ne manquent vraiment pas d'air ! Au moins, ce petit plaisantin m'a-t-il offert une belle tranche de rire. J'en connais qui vont être tristes d'apprendre que je me suis payé cette franche déconnade, quand on sait l'effet que le rire a sur la longévité. Ils vont devoir me supporter plus longtemps encore, ahah !"

Quelques instants s'écoulèrent, laissant au calme le temps de reprendre sa place dans la maison de Fallanster. Puis, moins fort, Hark reprit :

"Les jeunes ne savent donc plus quoi inventer... "Pas encore digne de son attention", qu'y dit, l'mouflet... "Créer son propre clan et nous exterminer"... Huhu... Il n'a jamais rencontré de mercenaires, celui-là, et encore moins de disciples du Dieu d'Or. Et en plus, il ne veut pas se soumettre... Manquerait plus que ça, un bleu qui ne serait pas soumis. Si au moins, il n'y avait pas de fautes d'orthographe dans son parchemin... M'enfin, au moins y a-t-il du cran là-dedans..."

N'accordant guère plus d'importance à cette pseudo-candidature, à mi-chemin entre le canular et la menace, le vieil homme s'apprêta à la chiffonner, et la jeter à la poubelle, lorsqu'il changea d'avis. Il prit la candidature et la fixa, à la vue de tout le monde, sur la tableau d'affichage, pour qu'aucun mercenaire ne puisse la rater.
Hark voulait voir jusqu'où cette histoire pourrait aller. Cette personne pouvait être n'importe qui. S'appeler Agnès, Hélène, ou Pierre-André. Bien que la dernière proposition soit plus probable, au vu de l'accord de l'unique participe passé de la candidature. Cette personne pouvait être un vil roublard, comme un jeune aventurier désireux de se démarquer des autres. Bref, ça intriguait un peu le vieil homme, et il désirait en savoir plus.

Il quitta la maison de Fallanster, sans avoir écrit quoi que ce soit sur cet ersatz incomplet de candidature. Il se promit de repasser régulièrement, tôt le matin, pour voir si des nouvelles de ce Mista étaient arrivées.


[HRP : Tu peux, mais n'ayant pas envie d'avoir écrit tout ça pour rien, je rajoute une contrainte : mon message doit rester valable. Dans ses grandes lignes au moins, je peux toujours retoucher des détails, si nécessaire. Ou sinon, tu peux reprendre et "compléter" en poursuivant le RP. Enfin, je pense que ça ne pose pas de problèmes.
Et si je m'accorde trop de "droits" avec ce que je viens de dire, et bien, je supprimerai ce message et en referait un ! Non, non, j'suis pas feignant du tout.]




[EDIT HRP : Le "reproche orthographique" était purement RP. Ton personnage a un caractère bien trempé, le mien a son propre caractère, surtout lorsqu'on lui propose une candidature si "provocante". Ca n'avait pas pour but d'être HRP désobligeant ! Mes excuses si il a été compris comme cela.]

[HRP : Ah, je crois qu'aucun de nous n'avait vu que ta candidature avait été retravaillée. Nous nous attendions à un second post. Bien, nous allons tâcher de prendre ça en main !]

[HRP] Après réflexion je retire ma candidature [/HRP]