Un Long Repos.

(HRP : Voici la présentation et candidature au recrutement de mon personnage dofusien, en espérant que celle-ci vous soit agréable à la lecture).

Un Long Repos

L’été commençait à poindre son nez et l’ancien « Monde des Douze » semblait paisible. Chacun gardait sagement sa place, les enutrofs, las de leurs nombreux périples, reposaient leurs vieux os sous les ormes millénaires. De nombreux osamodas, fervents défenseurs du monde animal, prenaient soin des troupeaux dans les verts pâturages d’Amakna. Nombreux étaient ceux qui s’adonnaient à leurs métiers, réalisant gaiement la moisson dans les prairies d’Astrub, abattant de nombreux frênes aux larges troncs. D’autres encore, s’entrainaient sans relâche pour faire face à l’immensité du monde environnant.

Drew n’était pas réellement de ceux là, et sans aucun doute, était-ce dû à la chaleur qui l’accablait. Ce disciple du Dieu Sacrieur aimait à se retrouver dans sa vieille demeure, entouré de ses larges bibliothèques sur lesquelles trônaient de nombreux volumes de parchemins, reliques d’antan aux cents voyages. C’est surtout que ce dernier avait déjà bien parcouru le monde qui l’entourait et commençait à s’ennuyer, se trouvant parfois bien dépassé par la fougue de la jeunesse arrivante.
Malgré tout, une lueur demeurait au fond de ses yeux, braise attendant avec impatience la bourrasque de vent qui pourrait l’attiser de nouveau. Alors, son expérience pourrait de nouveau s’exprimer ; cette expérience durement acquise et qui lui avait permis de se hisser au 175ème cercle de puissance.



Tout semblait calme à l’intérieur de la demeure, son équipement trônait là et las de ses voyages, sur un vieux coffre. A ses pieds, sa fidèle compagne Adelis, brillante dragoune dorée, dormait paisiblement, laissant échapper au fil de son sommeil, de fin traits de fumée. Tout semblait calme et endormi, au loin résonnait doucement la musique du Goultarminator. Comme Drew aurait souhaité un jour pouvoir y participer, découvrir d’autres aventuriers tous aussi motivés les uns que les autres, prêt à lutter pour leurs protecteurs respectifs! Mais maintenant son esprit était ailleurs. Il souhaitait offrir un nouveau but à sa vie de disciple sacrieur.
Il ne faisait en réalité plus que cela, accompagner ses amis ou encore de jeunes aventureux dans les méandres de ce monde hostile. Offrant fort volontiers ses services respectables à la confection de clefs ou de nombreuses potions aux effets parfois douteux. Malgré tout, il avait la sensation que cette aide apportée n’était qu’un mince grain de sable dans le sablier du temps.

Un nouveau départ devait être donné, la lueur, braise dormante, devait être rallumée. Tout son corps et tout son être réclamaient cet éveil. Il lui fallait partir, retrouver cette sensation passée, sentir ses jambes engourdies par les miles parcourus, sentir ses bras endoloris par les coups de boutoir portés.

Le mois de Fraouctor s’achevait à peine, le soleil, plus que jamais, offrait à qui le voulait, une protection chauffante et bienfaisante. Voilà maintenant un mois que Drew était parti sur la route, emmenant dans son havresac ses meilleurs volumes tirés de sa bibliothèque, quelques équipements indispensables, des potions confectionnées par ses soins et toute la motivation dont il disposait. Il avait, dans sa nouvelle quête d’aventure, emmené avec lui son demi-frère, un jeune enutrof (s’il est vrai qu’un tel qualificatif puisse être accordé à ces disciples centenaires) prénommé Driw. D'une infinie sagesse, celui-ci lui offrait un soutien sans faille, le supportant aussi bien au combat que dans la vie de tous les jours.
Malgré tous leurs efforts, les deux aventuriers peinaient à accomplir leur dessein. Cependant, au fond de sa tête, Driw gardait en mémoire le nom d’une compagnie, d’un clan fondé dans le Monde des Douze et sur lequel les aventuriers pouvaient compter au cœur des difficultés. La connaissance de son existence remontait à un certain moment. Ainsi le sacrieur se souvenait de parchemins placardés et d’autres événements et rassemblements guidés sous l’égide de Li-Crounch. Une conclusion s’imposa à lui, il lui fallait rencontrer ce clan, peut-être trouverait-il alors un sens réel à la nouvelle vie qu’il souhaitait mener.



« - ‘ La Légion de l’Aurore ‘ tel est le nom de cette compagnie mon cher Driw ! J’ai mainte et maintes fois entendu ce nom sans auparavant chercher à la rejoindre. Je pense que le jour est venu, mon cœur et mon corps me guident tous deux dans cette nouvelle quête ».

Et l’enutrof de répondre, les yeux brillants comme l’or, son éternel amour : « Bien cher frère, te voilà motivé ! N’y aurait-il pas quelques kamas sous toute cette histoire ??!! »

Le sacrieur, choisissant de prendre à pleines mains son destin, décida alors de rédiger à l’adresse de ces « mercenaires » une lettre qu’il voulait des plus vraie et des plus personnelle. Pour cela, il s’isolat dans ce qu’il aimait appeler le « Laboratoire d’Astrub », lieu qu’il avait connu lors de sa jeunesse, havre de paix et splendide jardin aux milles fleurs. Maintenant, le lieu exaltait des parfums exotiques et l’ambiance rythmée par le remoud des alambiques en pleine décoction procurait à Drew un sentiment d’infini repos.



Ecartant de la main quelques volumes dédiés à la botanique, il sortit de sa besace un large parchemin. Pour l’occasion, il souhaitait utiliser sa plus belle plume, d’un noir profond, tirée directement du ramage du Maitre Corbac. De même, il posa sur le bureau en charme une petite fiole emplie d’une sombre substance. L’encre plus noire que nuit du Kralamoure ferait parfaitement l’affaire selon le vieux sacrieur.
Ce dernier pris une grande inspiration, l’espace confiné devenant alors silence, silence profond et serein, troublé ça et là par le bruit du vol de quelques insectes aventureux.

« Chère Légion de l’Aurore, Chers Mercenaires,
Voici les quelques mots que je souhaiterais, à votre adresse, poser sur cet humble parchemin. Au moment de vous écrire, un sentiment de sérénité s’empare de moi, serait-ce parce que je suis sur le chemin qui me guide à cette nouvelle quête ; sur le sentier bien que sinueux mais ensoleillé qui me dirige vers un nouveau but ? Voilà plusieurs années que le dieu Sacrieur m’accueilli sous sa protection, parfois sanglante mais encore plus souvent réconfortante et sereine. Jeune pour certain, bien trop ancien pour d’autres, 175 cercles ont pu être témoins de mon évolution. Auparavant agile et souple, me voici maintenant tourné, du fait de mon âge, vers la voie de la sagesse et de l’intelligence, raisonnant toujours, aussi bien sur le monde qui m’entoure que sur ma propre existence.

Mon envie grandissante d’un nouveau départ tend à me tourner vers vous, vers cette légion dont l’existence éveille en moi un espoir d’aventure, de service et de loyauté. J’ai de nombreuses années foulé cette terre aux cent paysages, combattu âprement ses monstres et multiples chimères. J’aspire aujourd’hui à un autre dessein, à un autre futur. Ce futur, mon prochain, ces aventuriers et jeunes enfants qui encore aujourd’hui gambadent dans les champs d’Amakna, chassent gaiement les Pious de nos cités. Ce sont eux que je souhaiterais aider, du mieux qu’il puisse m’être possible pour voir grandir en eux la flamme qui jadis me permit de devenir le combattant que je suis.

Ainsi par la présente, un nouvel objectif s’ouvre à moi, devenir auprès de vous, mercenaires de tous rangs et de tous horizons, un membre de la Légion, défenseur pour certains, camarade pour d'autres, vengeur masqué pour tous mais avant tout bras droit des aventuriers du Monde des Douze ».

Il releva la tête et dans la foulée, inscrivit le point nécessaire à cette phrase. Il respira également, s’apercevant que ce dernier paragraphe l’avait plongé en apnée, les mots coulant d’eux même, à l’image de la magnifique cascade qui masquait à ce jour l’entrée du temple de son Dieu. Satisfait, cette dernière partie représentait pour lui l’essence même de sa démarche.
Pour parachever l’ensemble, il clôtura sa lettre par ces quelques mots :

« Dans l’espoir que la lecture de cette missive vous soit agréable, frères du Monde des Douze, et en espérant un jour devenir pour vous frère de Légion ».
Apposant son nom à l’encre sombre, il acheva l’exercice par ces trois mots « Acta est fabula ». En effet, la pièce était jouée, le rideau était tiré sur ce parchemin, son sort ne résiderait bientôt plus entre ses propres mains.

Dix heures, oui, dix heures s’étaient écoulées depuis que le grand sacrieur s’était enfermé dans le laboratoire qu’il chérissait tant. Dehors, le Soleil avait laissé place à la Lune, astre blanchâtre dont Hécate était la représentante. Quelques étoiles brillaient, au cœur de la voûte céleste, minces lueurs venues d’ailleurs.
Les mots étaient posés, il fallait maintenant adresser cette missive à la Légion de l’Aurore, parachever l’entreprise lancée, puis attendre, dans le doute, dans l’espoir.

Pour cet envoi, Driw avait appris à ne pas se fier à son Corbac voyageur et se souvint ainsi qu’il pouvait pour cela faire confiance à un fidèle compagnon. Ce dernier, exilé depuis de nombreuses années par la dictature du Wa Wabbit, habitait maintenant en plein cœur de la forêt des Abraknydes. Il avait ainsi fait de ce milieu hostile son havre de paix, préférant maintenant le goût fin des champignons à celui plus commun des cawottes de son pays d’origine.
Ainsi se prénommait ce curieux animal, Wab O’Dan John, portant tout aussi bien son nom que son pelage couleur taupe. Drew pouvait faire confiance à ce petit personnage pour adresser aux mercenaires son parchemin soigneusement roulé. Ainsi, alors que l’échange d’un simple regard suffisait aux deux amis pour se comprendre, le sacrieur lia sa missive par le biais d’un large ruban blanc, « couleur » qu’il aimait particulièrement.



Puis, esquissant un large clin d’œil, il pointa de sa grande main l’horizon, les deux astres de lumière côtoyant maintenant la même voûte céleste.

......

Wab était parti depuis déjà plusieurs heures, et Drew n’avait pu réussir à trouver le sommeil. Dans son esprit, une seule pensée résidait maintenant. Il espérait en effet du conseil des mercenaires un seul geste, une seule parole synonyme de son acceptation.
Il souhaitait en effet qu’ils lui disent à l’unisson : « Dignus Est Intrare, Il est digne d’entrer, digne d’entrer dans la Légion de l’Aurore ».

......

Une nouvelle journée s'achevait, voyant ainsi décliner l'astre solaire sur le grouillant Monde des Douze. La chaleur de cette saison bénie s'amenuisait lentement, accompagnant le retour des nombreux aventuriers au sein de leurs demeures.
Drew, comme à son habitude, profitait de la vue de ce magnifique ciel mordoré. Les rayons chaleureux lui procurant une sensation d'infini bien-être. Depuis quelques jours se bousculaient dans sa tête de nombreux sentiments, d'appréhension mais également de joie. Tel avait été le cas lorsqu'il avait vu revenir son ami Wabbit, lequel, ayant accompli son devoir, s'en retournait dans son domaine. Devait-il rendre visite aux habitants de la maison de Fallanster? Était-ce nécessaire, alors que son parchemin n'avait été remis que peu de jours auparavant?

Par impatience peut-être, par envie surtout, il décida de se mettre en route. Au loin, les remparts de la cité d'Astrub accueillaient les dernières lueurs de cette belle journée. En peu de temps, la contrée d'Amakna revêtit son sombre manteau de nuit, forçant les gardes à être un peu plus vigilants. L'entrée d'Astrub, bien que correctement gardée n'était pour autant qu'une formalité. Ainsi, à l'abri sous son chapeau aux larges bords, Drew passa sans encombre la porte sud de l'ancienne cité. Il échangea alors un amical regard avec Unhorel Nak qui pour cette soirée, était en charge de la milice d'Astrub. "Patte blanche" était ainsi montrée, la prochaine étape était donc la demeure de Fallanster. Passant aux abords du Zaap, il remonta un peu plus au nord jusqu'à apercevoir la large bâtisse aux allures parfois effrayantes. Quelques torches avaient été allumées ça et là, éclairant par intermittence les fondations massives de l'édifice. Devant lui se dressait la large porte d’ébène finement travaillée, ornée en son sommet du symbole même de la Légion de l'Aurore. Le vieux sacrieur se souvenait alors que ce crâne au chapeau menaçant l'effrayait il y a bien des années, lorsqu'il n'était encore qu'un petit garçon chassant le piou au cœur même de cette ville.

Dorénavant, la peur n'existait plus, remplacée par l'envie et la curiosité. Il savait, au fond de lui même, qu'il se devait de franchir le seuil. Frappant un grand coup pour courtoisement prévenir de son entrée, il fit tourner lentement la lourde poignée. En un grincement grave, la porte pivota sur ses gonds, laissant entrevoir l'intérieur du bâtiment.

Devant lui se dressait un imposant comptoir contre lequel reposaient boucliers et armures en tous genres. Quelques aventuriers étaient présents dans les lieux, vaquant à leurs occupations. L'ambiance était chaude, maintenue par le fonctionnement d'un grand poêle. Drew se demandait alors s'il pourrait voir le parchemin qu'il avait auparavant rédigé. Fouillant du regard la pièce, il aperçu alors le ruban habituellement utilisé pour ses correspondances; celui-ci était accompagné de son parchemin mais également d'autres écrits intrigants.

Ayant salué et échangé quelques mots avec Hark, Drew posa sur le comptoir le matériel nécessaire à l'écriture. Son velin plus blanc que la neige frigostienne serait le support de sa pensée. Des mercenaires de la Légion avaient donné de leur temps pour lui adresser quelques mots, quelques lignes touchante et auxquelles le sacrieur ne pouvait répondre par un silence. Changeant de position sur son tabouret, il entreprit alors sa rédaction.

Citation :

Chers Mercenaires, chère Légion,
Mon message adressé à vous tous sera bref mais pour autant fort.
Voilà quelques jours que ma candidature vous a été remise. C'est après ces quelques jours que je viens ce soir dans votre humble demeure. Mon envie de vous rencontrer et de vous rejoindre grandit chaque jour, c'est pourquoi mon émotion fût grande quand sous mes yeux ont défilé vos messages.
A ceux-ci je ne peux répondre que par un seul trait: Merci.

Signant comme à son habitude, il roula alors son plus fin parchemin, l'accompagnant du reste des écrits. L'enutrof qui l'avait accueilli si agréablement était alors plongé dans son travail. La reprise du clan semblait chargée, le vieux sacrieur décidant alors de ne pas déranger plus son hôte. Après un échange de regard, il repris son bouclier ainsi que son large chapeau. Adelis qui s'était nichée non loin du canapé se releva, sentant que son maître quittait les lieux.
Tirant sa révérence aux passants présents, il franchit l'entrée puis s'enfonça dans l'obscurité, sa silhouette blanche disparaissant au fil des pas.